mardi 20 mai 2008

Quelques malentendus.

Lorsque je commence une intervention sur la laïcité, il m'arrive très souvent de préciser avant toute chose ce que la laïcité n'est pas. La laïcité n'est pas l'athéisme. Peut-être pourrait-on dire qu'elle s'apparente à l'agnosticisme, mais encore faudrait-il expliquer (ce que je ferai dans une prochaine note). Exemple entendu récemment, typique d'un contresens très souvent rencontré : lors d'un débat sur les funérailles des non-croyants, l'un des participants dit : "Je suis laïque donc je souhaite un enterrement qui ne passe pas par une religion le jour de ma mort". Mais laïque ne veut pas forcément dire non-croyant. Il est des croyants laïques, car ils estiment que leur foi a sa place dans la société avec toutes les autres convictions, religieuses ou non.

La laïcité n'est pas non plus la mise à l'écart de toutes les religions sous prétexte d'ordre public. Certes il est délicat de trouver les modalités du vivre ensemble, mais c'est une constante de la vie humaine, et pas seulement dans le domaine religieux, si je ne m'abuse. Ce n'est donc pas parce qu'une opinion est religieuse qu'il faut la cantonner à un domaine plus restreint que d'autres types d'opinions (politiques, philosophiques, par exemple) qui ont tout à fait leur place dans la société. La laïcité implique qu'aucune religion ne peut dire : "je représente tant de personnes, tant de pourcent de la société, ou bien telle conception qui serait supérieure aux autres, donc j'ai le droit d'imposer telle ou telle idée dans le débat législatif." Pour autant, cette religion a le droit de proposer son idée dans le débat public. La conviction religieuse est une affaire privée, dans le sens où elle regarde chaque individu, sans que le collectif puisse imposer quoi que ce soit dans ce domaine. Mais elle participe aussi du débat public dans le sens où chaque individu s'implique avec ses toutes convictions et ce qu'elles entraînent dans sa propre idée de la société. Mais c'est ici qu'une mécompréhension intervient souvent : ce n'est pas parce que l'on est croyant que l'on va automatiquement vouloir pour la société des choix de vie strictement conformes à ce que l'on croit. Car il y a un espace plus ou moins grand entre ce que l'on estime bon pour soi et ce que l'on est prêt à exiger de tous. Ce n'est pas parce que le mariage fait sens pour un croyant qu'il va automatiquement estimer que c'est la seule forme valable de vie en couple, par exemple. Réciproquement, beaucoup de croyants pensent que les lois instaurées par des non-croyants ne peuvent qu'être mauvaises et en contradiction avec leurs croyances et leurs intérêts. Pour les intérêts je laisse les banquiers calculer, mais pour ce qui est des croyances, de nombreux exemples historiques montrent le contraire. Et la loi de 1905 en est un bel exemple, qui a permis à toutes les convictions religieuses de trouver leur place et leur fonctionnement en France, y compris l'église catholique qui a pourtant refusé ce texte pendant près de 20 ans.

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